Chapitre III
- Pauline D'Elbée
- 15 sept.
- 6 min de lecture
Tout autour d’elle, une intense lumière se diffusait. Devant elle, un paysage féerique, aux multiples couleurs harmonieuses, se déployait. Ce décor, d’une beauté surnaturelle, semblait tout droit sortir d’un tableau de Paul Signac, qui aurait mêlé la douceur de ses points à la fougue de William Turner. Elle contemplait ce lieu avec de la hauteur, comme si sa tête avait été posée au sommet d’une montagne alors que le bas de son corps effleurait à peine le sol. Tout avait l’air paisible, comme encore endormi.
Au loin, deux silhouettes, semblables à de jeunes enfants, se dessinèrent. À mesure qu’ils s’approchaient, leur démarche singulière attira son attention. Leurs pieds semblaient s’enfoncer dans le sol, telles les racines d’une plante, pour les propulser avec légèreté dans sa direction. Étonnamment, leur apparence singulière ne suscitait aucune appréhension en elle. Les deux enfants ne ressemblaient en rien aux créatures angoissantes qu’elle avait l’habitude de voir dans ses cauchemars. Au contraire !
Lorsqu’ils arrivèrent à sa hauteur, elle posa doucement son regard sur eux. Elle se sentait immense à leurs côtés, comme si un arbre comparait sa taille à celle d’écureuillons. En observant ces deux petits êtres, quelque chose la troubla. Leurs yeux !
Leurs yeux étaient voilés, comme si quelqu’un y avait déposé un brouillard cotonneux. Elle se pencha alors en avant, essayant de voir si cette étrange brume se dissipait. Et au moment où elle fut enfin à leur niveau, elle…
Des vibrations sourdes tirent Lola de son doux rêve. Depuis le cauchemar de la semaine passée, c’était la première fois qu’elle se sentait apaiser en dormant. Elle ouvre lentement les paupières et attrape son téléphone, sans même regarder le nom qui s’affiche à l’écran.
— Allô, répond-elle encore endormie.
— Allô, mon Sunshine ! Je rentre de mon verre ! Je te réveille ? demande une voix chaude. Comme tu ne m’as pas appelé pour me dire que tu allais te coucher, j’ai cru que tu étais encore debout…
Lola se redresse immédiatement. Elle s’était endormie sur son canapé en feuilletant les carnets de son père.
— Hello, mon cœur ! Oui, je me suis endormie comme une masse, dit-elle à Antoine. Je regardais les dessins de m…
Elle s’arrête net. Même s’il partage sa vie, Antoine n’est absolument pas au courant de son passé compliqué, de ses cauchemars, et encore moins des événements survenus l’année de ses quinze ans.
— Je regardais des œuvres de Joan Miró pour mon rendez-vous de demain avec Maidet, ment-elle alors. La semaine est passée à une vitesse folle, je n’ai même pas eu le temps de regarder les surréalistes d’Amérique Latine.
— OK ! Je vais te laisser te rendormir, tu as une petite voix. On s’appelle demain soir, après le dîner avec ta tante ?
— Yes ! Je t’aime.
— Moi aussi, je t’aime. À demain.



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